BoG'Arts - Hippolyte Bohouo
Zouglou
En baoulé, « zouglou » signifie « saleté, pourriture, tas d’ordures » à l’image de la promiscuité dans laquelle vivent les étudiants ivoiriens dans les campus à la fin des années 90. Leurs voix s’élèvent et passent par un rythme, une danse. Un groupe de musique estudiantin s’empare de cette révolte et écrit la toute première chanson de ce nouveau mouvement, le Zouglou. Selon le dicton ivoirien, « La bouche du zouglouman ne porte pas caleçon ». C’est-à-dire que toutes les vérités bonnes à dire doivent l’être. Ce qui fait de ce rythme, comme pour le reggae, une musique engagée, et souvent gênante pour les autorités.Ce duo retrace le parcours d’un homme qui, dans son combat, emprunte à toute sa génération la force d’un rythme né pour et pendant la lutte. Face à un pouvoir dictatorial sourd, il chante, danse, parle et ironise. En zouglou, on libère la parole, on délie les langues et on tente de se libérer du joug du pouvoir avilissant. La pièce questionne cette nécessité et cette légitimité de la révolte pour une justice sociale et une société égalitaire. Cette chorégraphie imprégnée de mouvements d’imploration et de contestation se nourrit de l’histoire et de la gestuelle du Zouglou, mais également de celles des différentes révolutions dans le monde. Partout où il y a revendications populaires, il y a Zouglou. Partout où il y a Zouglou, il y a révolte. Partout où il y a révolte, il y un désir de changer les choses, de réinventer le monde. Gbêh est mieux que drap!* Une aînée me disait : « Il faut qu’il y ait espoir de changement, sinon l’action de révolte n’a plus de sens ». Hippolyte Bohouo * la vérité vaut mieux que la honte